Les travaux dans le chantier de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, ont repris ce mardi 8 novembre, soit dix jours après l’importante manifestation contre le projet. Pour rappel, ayant été décidée durant le mois de décembre 2018, l’édification de cette mégabassine a pour objectif d’irriguer des cultures agricoles durant l’été ou en période de sécheresse. Aberration écologique ou atout majeur ?
Une mégabassine, qu’est-ce que c’est au juste ?
Officiellement, les mégabassines sont des « réserves d’eau » ou des « retenues de substitution ». On parle surtout d’une construction qui ressemble à un cratère autour duquel un monticule de plusieurs mètres de hauteur s’érige. Pour des questions d’imperméabilité, une bâche en plastique vient recouvrir le tout.
En ce qui concerne sa fonction principale, on l’utilise pour recueillir l’eau des nappes phréatiques. Celles qui sont moins profondes sont les plus privilégiées. Cette opération se réalise lorsque les pluies sont plus fréquentes. L’eau ainsi puisée va donc être stockée à l’air libre et employée pour l’irrigation des cultures. Il s’agit alors d’une solution de rendement idéale pour les agriculteurs, notamment en cas de restriction d’eau ou de sècheresse.
Concernant le bassin qui est prévu à Sainte-Soline, celui-ci devrait pouvoir accueillir pas moins de 628 000 m3 d’eau. Cela équivaut à environ 250 piscines olympiques. Dans le département des Deux-Sèvres uniquement, 16 mégabassines sont prévues. Celles-ci devraient, à terme, contenir plus de 6 millions de mètres cubes d’eau.
Pour quelles raisons les mégabassines posent-elles problème ?
Du point de vue des organisations environnementales, ces bassines sont des dispositifs agricoles déployés pour pallier les sécheresses récurrentes, mais qui ne répondent pas tout à fait à la problématique. Ceux qui s’opposent au projet de la mégabassine des Deux-Sèvres dénoncent en effet un certain paradoxe. Les cultures qui vont être alimentées par ses structures seront particulièrement gourmandes en eau. Jean-François Soussana, membre du Haut-Conseil pour le climat, voit ainsi ces infrastructures comme une « mal-adaptation » aux sécheresses fréquentes.
Les mégabassines représentent-elles un risque pour l’environnement ?
Bien avant la mise en place du projet à Sainte-Soline, le Bureau de recherches géologiques et minières ou BRGM a mené une étude d’impact. Cet établissement public a donc conclu que la diminution des prélèvements des cours d’eau durant l’été aurait comme conséquence l’augmentation de leur débit. La majoration serait de 5 à 6 %. En hiver en revanche, il y aurait une baisse de 1 %.
Pour la présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, Christiane Lambert, ce projet est idéal. Effectivement, il permet aux cultures de s’adapter efficacement aux pluies rares ou intenses ainsi qu’aux sécheresses de plus en plus fréquentes. En outre, suite à la mise en place de mégabassines dans le sud de la Vendée, une remontée du niveau des nappes phréatiques a été constatée.
Cependant, d’autres effets de la mise en place de ces bassins d’eau stagnante n’ont pas été observés par l’étude du BRGM. Une apparition de bactéries qui pourrait nuire à la qualité de l’eau est envisageable. Sur ce sujet, la préfecture de Vienne a tenu à rappeler que l’eau dans ces bassins est filtrée. D’ailleurs, elle sera utilisée pour l’irrigation, mais non pas à la baignade.
La question de l’évaporation est une autre problématique à soulever. Si celle-ci est difficile à évaluer, l’étude qui a été faite sur les sites dans la Vienne et dans les Deux-Sèvres table sur un taux de 4 % de la totalité du volume. La FNESA, quant à elle, estime une proportion de 7 % et le CNRS avance une hypothèse de 20 à 60 %.