Dans la ferme urbaine se trouvant sur le site de Fives Cail, l’école Junia a procédé à l’installation d’un démonstrateur d’aquaponie. Cette école d’ingénieur exploite ce site conjointement avec Liotopia, qui est une association d’agriculture urbaine. Pour rappel, l’aquaponie est une activité qui consiste tout simplement à mélanger l’élevage de poissons avec la culture de légumes.
Comment ça marche ?
Selon Cheritel, le processus d’aquaponie est simple ! Pour le comprendre, nous prenons exemple sur ce qui se passe dans la ferme urbaine du site de Fives Cail.
Dans cette ferme, les truites sont élevées dans des bacs. Une fois l’eau dans laquelle elles sont baignées se remplit par leurs déjections, celle-ci subit un filtrage. Il faut savoir que les déjections des truites sont chargées de bactéries, et d’ammoniaque toxique. Cette ammoniaque se transforme après en nitrate, qui est connue pour être une matière favorisant la croissance des plantes.
Dans une serre que l’on retrouve à l’étage de la ferme, plusieurs plantes (salades, plantes aromatiques, moutarde japonaise, fraisiers, etc.) sont trempées dans une eau enrichie par les déjections des truites. Aucun engrais supplémentaire n’est requis !
Interrogé à ce propos, Benjamin Legrand, chef de projet sur la ferme explique : « Nous expérimentons des modes de production alternatifs en milieu urbain. Nous ne voulons pas être uniquement un site de recherche, mais notre objectif est de répondre à une demande du marché pour s’insérer dans le tissu économique local».
Pierre Saillard, technicien en agriculture urbaine travaillant dans cette exploitation affirme quant à lui : « Nous travaillons sur les besoins énergétiques et la filtration d’air au sein des bâtiments. Alors ici, nous tentons l’expérience de valoriser le CO2 émis par la culture des champignons en l’envoyant dans la serre où il servira à la photosynthèse des plantes ».
Une technique utilisée déjà chez les Mayas
Contrairement à ce que beaucoup pensent, l’aquaponie n’est pas une technique qui date d’hier. Celle-ci a déjà été utilisée par les Mayas, qui avaient tendance justement à planter des fruits et légumes dans des fleuves poissonneux. Avec des moyens rudimentaires, cette civilisation a permis le développement de cette activité assez complexe, car elle implique l’association entre la pisciculture et l’agriculture. Grâce à l’aquaponie, il devient possible de mettre en place un système de production agricole en circuit fermé. Cela permet notamment de maîtriser tous les paramètres liés à la culture d’une plante.
Aujourd’hui, l’aquaponie est une activité qui n’est pas encore très connue en France. Cette dernière est davantage mobilisée dans des pays réputés pour leur climat aride (trop chaud ou trop froid).
Mais Mr Saillard insiste sur le fait qu’à tout moment, la France pourrait connaître des conditions climatiques qui rendraient l’aquaponie nécessaire. Il explique notamment que : « Si le système de production en France est confortable, ça pourrait ne pas durer. Les sécheresses chaque été et leur impact sur les récoltes devraient nous faire réfléchir à de nouveaux modes de culture agricole où l’utilisation des ressources, notamment l’eau, est optimisée ».